Italie - Une hospitalite atypique

[Killian]

Une journee de marche dans l'immense et monotone plaine du Po s'acheve. Il est 20 heures le soleil commence a relacher son etau cuisant. Au loin un pate de maison apparait au bord de la nationale que nous suivont depuis plus d'une heure. Nos jambes se font lourde, nous decidons alors que ce charmant hameau coince entre 2 canaux d'irigation ou pullule moustiques et grenouille sera parfait pour y passer la nuit.

En face de l'eglise un genre de petite auberge / resto-route attire notre attention. Le parking est vide a l'exception d'une voiture de luxe garee juste devant l'entree. Afin de signaler notre presence dans le village et demander un endroit ou l'on puisse planter la tente, toute la team 5 garcons avec des barbes commencant a etre bien fournit apres 1 mois et demi de marche rentre dans l'auberge. Deux petites vieilles derriere le comptoire nous regardent d'un air un peu etonnes mais c'est les 2 clients, un couple et plus particulierement la ravissante demoiselle vetu d'une robe legere en soie rappellant plus une chemise de nuit qui focalise un peu notre attention. L'effet de surprise, dans les 2 camps etant passe, nous entamons notre speach "demande d'hebergement" en Italien qui commence a etre bien rode apres plus de 3 semaines dans le pays.

Amusees par notre perfomance italienne, elles tentent de nous indiquer un emplacement ou nous pourrions passer la nuit, on comprend quelques mots eglesia, stadium, destra (droite), mais cela reste assez flou. Voyant que l'information n'a pas ete bien comprise la plus enthousiaste des mamies nous accompagne jusqu'au lieu en question qui c'est avere etre juste en face de l'auberge de l'autre cote de la route. C'est un vaste preau abritant quelques tables et la buvette d'un petit terrain de foot. C'est parfait pour nous, nous y seront au sec en cas d'orage mais cela ne nous dispensent pas de monter les tentes pour nous proteger de l'armee de moustique qui, a la faveur de la nuit entre en action.

A peine le campement installe la souriante petite mamie reviens nous voir avec les bras charges de charcuteries et de petites douceurs. Elle fera dans la soiree 2 ou 3 voyages nous apportant nourriture delicieuse, boisson gazeuse et meme encens anti-moustique eheh. Une accueil exceptionnel et peu rependu surtout dans cette region au coeur de la Venetie a la politique securitaire concentrant les plus grandes fortunes Italienne. Surtout que notre apparence apres 6 semaines passees sur routes nous faisait passer plus pour des vagabons que pour des touristes.

En fin de soiree elle nous invite a venir prendre le cafe demain matin dans son auberge. La nuit se deroule sans encombre la moustiquaire ayant fait son office et les toles de preau nous ayant protege de l'orage qui eclata cette nuit la. Au matin nous rembalons le camp et nous rendons comme convenu a l'auberge pour y siroter un cafe italien. Arrive dans le cafe les 2 mamies nous accueillent et nous invite a venir au bar. Quelques seconde me seront necessaire pour prendre conscience de l'aspect particulier de la decoration. Un face de moi l'immense portrait d'un homme en tenu d'apparat... mais c'est Mussolini ! Je balaye alors la salle du regard, sur ma gauche un buste en bronze de l'illustre personnage, une mattraque avec l'inscription "Le Duce", des citations du Duce, des distinctions pour des actes "heroiques" commis pendant la guerre. Je regarde mes compagnons qui sont aussi estomaques que moi.

A l'heure d'aujourd'hui je ne comprends toujours pas comment tout ceci a pu passer inapercu au nos 5 paires d'yeux la veille. Je veux bien admettre que la demoiselle de la veille etait jolie mais de la a occulter les dizaines fachisteries qui constellaient litterallement les 4 murs du cafe faut le faire quand meme. Je me hazarda a demander si je pouvais prendre des photos de nos hotes et du cafe mais je me herta a un refu categorique. On bu donc nos cafes dans cette ambiance particuliere et repris la route un peu pertubes que l'une de nos rare hospitalite italienne nous ai ete offerte par la derniere categorie de personne que j'aurais imagine etre capable de nous l'offrir.