Géorgie - Les vendanges au pays du "vin maison"

[Killian]

Durant notre longue attente Tbilissienne pour la réception de notre colis de réapprovisionnement, nous avions mis ce temps à profit pour prendre de l'avance sur la route qui nous attendrait après la réception du fameux colis, à savoir la portion Tbilissi - frontière Azerbaïdjanaise. Nous avions donc fini cette petite marche en Kakheti, région bien connu des Géorgiens pour ses vins, le début du mois octobre, période pendant laquelle les vendanges battaient leurs pleins. Un peu déçu de ne pas avoir eu l'occasion de participer à l'une d'entre elles, nous stoppions afin de rallier la capitale.

Emyrs en tenue d'apparat

Nous étions donc sur le bord de la route depuis une vingtaine de minutes lorsque mon œil est attiré au loin par la silhouette d'un cycliste casqué et tirant une imposante remorque. "Tiens un grand voyageur" fis je remarquer à Thierry. Je ne croyais pas si bien dire. Emyrs, australien de 22 ans parti d'Allemagne 3 mois auparavant, rentrait simplement chez lui à plus de 15000 Kilomètres de là.

Alors lorsque que nous faisions connaissance avec ce voyageur au long-court depuis à peine cinq minutes. Une camionnette se stop à notre niveau. N'ayant pas oublié notre objectif de trouver un véhicule pour nous ramener sur Tbilisi. je vais parler au conducteur. C'était un homme d'une quarantaine d'année, à cote de lui sur la banquette avant, deux jeune femmes souriantes. L'homme me pose la question un peu déconcertante à savoir si j'étais célibataire et me dit en rigolant que ça serait bien si j'épousais l'une des deux demoiselles. Étrange entrée en matière mais ils m'avaient l'air bien sympathique. Je lui explique que nous cherchons un véhicule pour aller sur Tbilissi. Il me rétorque qu'il va à un pique-nique et nous invite à venir avec lui en nous disant que ça nous avancera de quelques kilomètres sur notre longue route.

Je ne suis pas dupe sur le fait que si on est invité à un pique-nique avec des géorgiens on passera sans aucun doute la nuit sur place parce qu'on sera à peine capable de marcher à la fin des festivités. Mais peu importe le temps qui passe est bien le derniers de nos soucis ça en est même un allié dans cette longue attente pour le colis. De plus ça sera l'occasion de faire réellement connaissance avec Emyrs. Après concertation avec la nouvelle équipe cyclisto-piétonne improvisée nous voila en route pour ce qu'on croyait être un pique nique.

On fur et à mesure du trajet on apprend qu'il s'agit en faite de faire les vendanges. Ravi de pouvoir les découvrir de l'intérieur et également de pouvoir enfin rentre la monnaie de la pièce à une famille géorgienne. Car les géorgiens, comme les turcs mettent un point d'honneur ce que leurs hôtes ne mettent pas leurs mains à la pattes pour quoi que ça soit. Même après plus d'un an dans cette culture ça nous gêne toujours un peu de ne pas aider.

Tous au travail

Après une petite collation éclaire accompagnée de l'inévitable tcha-tcha nous voilà parti dans le vignoble avec oncles, tantes, cousins, cousines, mêmes les grand-parents sont de la parti.

Thierry en plein travail

Au totale une vingtaine de personnes équipés, pour les plus armés, de sectateurs, d'autre de couteaux et pour les moins chanceux des outils moins pratiques comme des petits ciseaux coupe-ongle.

Benné une moitié dans la fourgonnette l'autre dans la charrette attelée à un imposant cheval de trait. On arrive sur place et tout le monde ce met à l'œuvre chacun sachant parfaitement ce qu'il doit faire.

La fameuse célibataire

Quand à nous on fait notre possible pour s'intégrer au mieux à la machine bien huilée. Le destin ne m'avait pas doté de la meilleur des armes, "le petit ciseau de chirurgien". Mais c'était sans compter ce que les femmes manigançaient en arrière coulisse depuis mon arrivée et dont j'avais de vagues soupçons.J'avais à peine commencé à couper quelques grappes de raisins que l'une des célibataires qu'on me voulait voir épouser s'approche de moi et me donne l'arme ultime "le sécateur". Par la suite le hasard faisait que la demoiselle en question se trouvait toujours à coté de moi ou en face sur la même ligne de vigne que je récoltais. Une fois la charrette rempli des grappes gorgés de sucre, nous rentions à la ferme pour les passer dans le pressoir à manivelle.

Thierry au remplissage

Emyrs au pressoir

La journée fut ainsi rythmée par les allé-retours de la ferme au vignoble. Vers 16 heure la journée des hommes était fini celle des femmes redoublée d'intensité. Elles s'affairaient toute à leurs taches pour la grande fête qui à lieu le soir de la fin des vendanges. Vers 18 heures la table était dressée avec quasiment 2 fois plus de couvert qu'il y avait eu de vendangeurs.

La grande tablée

Les mets étaient raffinés comme ces aubergines fris sur un lit de mousse de champignons, le vin était agréable, ce qui est loin d'être le cas de tout les vins géorgiens fait maison et l'agneau grillé de la partie. Seule ombre au tableau, l'absence des femmes encore, a l'exception d'une jeune demoiselle de 16 ans, la traduction officielle étant la seule à parler anglais et de sa grand-mère. toute les autres mangeaient à part à l'intérieur de la maison.

Le coin réservé aux femmes

Mon statut un peu spécial d'homme tant convoité m'a permit de découvrir cet état de fait de l'intérieur. Au milieu du repas, pendant que la fête battait son plein, une femme m'attrape par la main et me conduit dans le salon. Toutes les femmes étaient là, la table basse du salon recouvert des mets semblable à ceux des hommes, la sono jouant une musique traditionnelle rythmée et ma charmante prétendu dansant au rythme des Panduri (un instrument un corde typique géorgien) et m'invitant à danser avec elle. J'ai alors fait de mon mieux pour me rappeler des quelques mouvements de danse géorgienne qu'on nous avait enseigné. Mais rapidement on m'invite à rejoindre la tablée des hommes. Mes souvenirs se perdent alors dans le flot du vin frais et sucré de cette soirée.

Toute la petite famille