Bonjour Jipe, et merci pour l'intérêt que tu portes à notre projet. Je vais tâcher de répondre au mieux à tes questions.
1 - Avez-vous des astuces pour vous faire accueillir chez les locaux ? Est-ce qu'une bonne faculté à apprendre les langues est-elle indispensable ou bien la communication non-verbale fait énormément le boulot de "sympatissage" et de compréhension ? La capacité à distraire ? A vrai dire, dans la mesure où nous évoluons la plupart du temps dans des régions où les touristes ne vont pas, notre seule présence suffit la plupart du temps a attirer l'attention. D'abord un peu timides ou méfiants, les gens nous scrutent de loin, sans oser nous parler. Puis dès qu'un téméraire s'adresse à nous ou que nous nouons le contact avec un habitant, un attroupement se forme en quelques minutes autour de nous. Le premier a nous avoir parlé acquiert alors une sorte de prestige et se délecte de répéter à ses voisins ce que nous lui avons expliqué tant bien que mal. Ensuite, très souvent, une invitation à boire le thé, un café ou un verre le liqueur s'en suit et il n'est alors pas très difficile, en fonction de l'heure qu'il est, de demander à rester pour la nuit.
Nous n'avons pas, je pense, de faculté particulières à apprendre les langues étrangères. Juste un intérêt pour cela et, bien entendu, un certaine nécessité de le faire. Nous avons pu constater que l'anglais était loin d'être la langue universellement comprise. Il est aussi souvent très apprécié des locaux que l'on essaie de s'exprimer dans leur langue propre, même si nos capacités à ce niveau sont souvent très limitées. Du coup, depuis notre départ, et en fonction de la durée que nous avons passé dans les différents pays, nous avons acquis quelques bases dans des langues telles que l'italien, le turc, le géorgien, le russe et le kazakh. Nous somme bien entendu loin d'être capable de tenir une conversation, mais cela suffit à exprimer nos besoins et parfois même a comprendre les grandes lignes d'une conversation.
Bien entendu, lorsque nous entrons dans un nouveau pays, il nous faut une période d'adaptation durant laquelle la communication est surtout gestuelle. Nous accumulons assez rapidement des mots de vocabulaire que l'on note phonétiquement sur un cahier, puis a terme nous essayons de demander des choses plus abstraites, puis nous terminons en général par la grammaire. Le principal problème est que, lorsque l'on sort du pays et qu'on l'on a plus l'occasion de pratiquer une langue, nous perdons très vite ce que nous avons appris...
Les gens de l'Est ouvrent-ils plus facilement leurs portes que les Européens ?Nous avons constaté une grande différence entre l'Europe et la Turquie. Après avoir passé la frontière grèque l'accueil est devenu presque systématique. Nous pensions qu'il s'agissait là d'une attitude liée à la religion musulmane pour laquelle l'accueil du voyageur est un précepte important, mais nous avons pu apprécier une hospitalité tout aussi fréquente en Géorgie qui est pourtant majoritairement orthodoxe. C'est une question que nous nous sommes poser sans vraiment trouver de réponse : qu'est-ce qui fait qu'un peuple est hospitalier ou non? Est-ce les médias qui véhicule le sentiment d'insécurité à l'égard des gens du voyage ? Nous savons par exemple que l'hospitalité dans les villes est beaucoup moins systématique qu'en milieu rural. Ceux qui ont le moins de biens semble offrir le peu qu'ils ont très facilement alors que les riches semble plus réticents à exposer leur patrimoine à des voleurs potentiels. Le rapport des gens à l'égard des voyageurs est aussi très différent d'un pays à l'autre... Sans doutes y aurait-il uns étude sociologique à faire là dessus
2 - La marche au long cours et la vie prolongée au plein air vous a t-elle physiologiquement améliorés ?Sans doutes. En quelques semaines les kilos superflus s'envolent et la masse musculaire s'accroit de manière plus optimisée. Si nous évoluons dans une régions où le dénivelé est conséquent, le souffle s'acquiert aussi. A force d'ingérer de l'eau douteuse, il sembleraient que nos tripes se soient aussi renforcées un peu. Malheureusement, lorsqu'on séjourne longtemps en ville, comme actuellement, on a tendance a perdre un peu notre condition, mais elle reviendra en quelques semaines.
3 - Avez-vous eu des aprioris sur le monde et ce mode de vie aventuresque avant votre départ qui ont explosés après expériences et confrontation avec la réalité ?Une sorte de phobie des autres, souvent véhiculée par les médias de tous les pays. C'est souvent que nous avons entendu de gens dire " n'allez pas dans le pays voisin, les gens là bas sont dangereux !". Souvent ces affirmations ne reposent sur aucune expérience personnelle, juste les on-dit relayés depuis des décennies. Nous avons appris à nous forger notre propre opinion sur les régions et les gens que nous rencontrons. Souvent c'est un avis qui tranche pas mal avec les expérience que nous racontent les gens qui visitent les même pays que nous par des voies touristiques traditionnelles. Nous avons l'impression d'avoir une approche plus authentique, plus profonde des pays que nous traversons.
4 - Les rencontres humaines ont elles été parfois mauvaises ? Des leçons à en tirer et à donner ?Je n'aime pas trop donner de leçons. La plupart du temps, les lecteurs considèrent alors que les faits relatés concernant un fait unique reflètent un comportement global de tous les habitants d'un pays. Nous avons eu quelques problèmes bien entendu. Rien de bien sérieux au final. Nous en avons tiré des leçons, des attitudes à adopter en fonction de situations un peu délicates. Mais je crois que chacun doit se forger sa propre expérience d'un pays. Les choses changent avec le temps et ce qui était vrai lorsque nous sommes passé peut avoir changé lorsque ceux qui lisent ces lignes passeront là où nous sommes passé. Nous tâcherons de décrire les éléments qui nous semblent les plus caractéristiques des pays que nous avons traversé dans un module de "fiches pays" que nous mettrons en ligne prochainement, mais nous devons encore rédiger le contenu, ce qui prend pas mal de temps...
5 - Au début de votre voyage, a t'il été difficile pour vous de renoncer au confort et à la routine sécuritaire qu'offre que nous impose notre société ? (C'est un peu comme re-formater un disque-dur mais pour un humain).Autant Killian que moi-même n'avons jamais été très matérialistes. Nous nous contentons de peu, ce qui a sans doute facilité l'abandon de la vie citadine. Certes, il arrive que certaines choses nous manquent, dans certaines situations. Lorsque la santé n'est pas au top, lorsque la météo est maussade depuis longtemps, on regrette parfois de ne plus avoir de chez-soi où attendre que les mauvais moments soient passés. Mais dans l'ensemble ces situations sont rare et la fréquence de nos découvertes et la richesse des paysages que nous découvrons suffisent souvent à faire oublier ces instants où le moral n'est pas au plus haut.
