Les chroniques de
Lieu: Nevşehir, Turquie
Date: 2009-01-05
Nous voici enfin sorti de cette fabuleuse région qu'est la Cappadoce, la tête pleine d'image somptueuses et d'instants inoubliables. Sans doutes serait-ce un peu frustrant pour vous si je ne détaillais pas d'avantage ce passage de notre aventure, je vais donc développer un peu. Lors de mon dernier message, souvenez-vous, j'étais avec Killian et Sylvain à Ankara. Nous venions de faire un aller-retour en Grèce puis en Bulgarie pour renouveler notre titre de séjour en Turquie et prenions le cap d'Aksaray pour reprendre notre voyage là où nous l'avions interrompu. Le retour en soi s'est déroulé sans trop d'histoires. Assez éprouvant de devoir rester aussi longtemps dans un bus. Nous avons atteint le centre ville en milieu d'après-midi et entrepris de partir vers les hauteurs pour passer la nuit.
Très vite nous avons repris le rythme de la marche, traversant dans un premier lieu une vaste zone de collines cultivées desquelles surgissent de temps en temps de manière incongrue des roches surgis de nulle part. Puis apparaissent les premiers vestiges. Modestes dans un premier temps, certes, mais si isolés qu'ils ne figurent nulle part sur les circuits touristiques. Dès lors leur intérêt en est décuplé. Visiter ces anciennes chapelles, moulins ou habitations taillées dans la roches et reconverties depuis des siècles en simples bergeries par les éleveurs des environs nous font rapidement rêver à d'imaginaires missions archéologiques. Chaque creux dans le sol, chaque résidu d'enduit sur les parois nous incitent à formuler des hypothèses sur ce qu'était le quotidien de ces premiers chrétiens qui occupaient ces régions voilà plus d'un millénaire.
Puis arrive la province de Nevşehir, le centre de cette région. Ici les vestiges sont si nombreux qu'il est presque impossible de ne pas en trouver sur sa route. Plus par volonté de rester à l'écart des circuits touristiques classiques, nous avons évolué dans des endroits étranges. De petites cites dans lesquelles il nous faut progresser accroupi et dans un noir total, à la seule lueur tourmentée de nos lampes frontales, pour déboucher dans de vastes salles parallélépipédiques. Au sol sont dispersés pèle-mêle des restes d'animaux, d'étonnantes pierres d'un blanc éclatant, complètement différentes des roches qui forment la structure et des débris taillés de lourdes portes rondes brisées par d'anciens pillards. Plus loin, un vallon étrange au centre duquel se trouve une discrète ouverture ovale. La nuit approchante nous incite à l'explorer pour y élire refuge pour la nuit et nous nous rendons compte qu'il ne s'agit là que d'un immense réseau de galeries dans lesquelles il n'est possible d'évoluer qu'en frôlant les murs et en courbant le buste. Plus de vingt minutes d'exploration sans parvenir au bout de ces étonnant tunnels. Puis à quelques heures de marches de là les falaises se surmontent peu à peu d’édifices aux allures de forteresses. En s’en approchant, nous remarquons une multitude d’ouverture taillées dans la roches et murée. Chacune d’elle dissimule un pigeonnier aux dimensions d’appartement moderne. Certains d’entre eux sont à plusieurs étages ou plusieurs pièces, d’autres sont pourvus d’entre-las de branches servant de perchoirs aux volatiles qui, pour la plupart, ont déserté les lieux.
Pendant trois semaines nous avons évolué dans cette région aussi grandiose que fascinante. Sans doutes sera-ce là une des période les plus marquante de notre voyage en Turquie. A présent nous sommes dans la petite ville de Divriği. Après plusieurs semaines de progression dans un environnement assez comparable à celui que nous avons pu visiter avant İstanbul, assez rébarbatif en comparaison des dernières semaines, bien entendu. Peu a peu les gens redeviennent plus chaleureux. Alors que l’expédition connait actuellement un gros problème interne et que l’aventure telle qu’elle existe depuis le début du projet risque d’être compromise dans les semaines a venir, nous entrons dans une région différente par bien des aspects. Ici les mosquée se font plus rares mais les gens revendiquent toujours leur foi musulmane. Les femmes prennent plus facilement part aux conversations et l’hospitalité dorénavant coutumière de ce pays prend une dimension nouvelle. Nous sommes dans une région dans laquelle les gens se revendiquent comme “Alevis”. İl s’agit d’une branche de l’islam que nous ne connaissions pas et que nous allons tâcher de découvrir tout en avançant en direction des hautes montagnes de l’ouest, en direction de la Géorgie.
L’hiver est à présent bien là, et même si les températures sont nettement plus chaudes qu’à l'accoutumée, la perspective de devoir franchir des cols montagneux de près de trois mille mètres en plein hivers nous laissent présager que les nuits en tente seront particulièrement froides. Nos équipement seront mis à rude épreuve, mais ce sont là les conditions pour lesquelles nous les avons choisi. Nous sommes confiants mais prudents, guidés tout autant par notre soif de découvrir des zones reculées que de cerner les limites de ce que nous ou notre équipement peuvent supporter. Nous allons tâcher d’alimenter plus régulièrement notre site internet http://www.toutenmarchant.com dès que les problèmes internes que nous connaissons seront réglés. D’ici là nous adressons un chaleureux salut de cette lointaine bourgade turque à tous les clients de la poste et vous invitons à nous faire part de vos suggestions sur notre livre d’or ou notre forum en ligne.