Baïkonour: région sensible
Le Kazakhstan, comme sans doutes la plupart des pays dans le monde, dispose de zones dont l’accès est réglementé, voire interdit pour les étrangers. Le principal point qui diffère par rapport aux pays européens et l’ absence de délimitation physique et de signalisation sur le terrain lorsque l’on s’approche de ces régions. Ainsi, sans le savoir nous nous sommes retrouvé à quelques reprises dans des régions interdites sans le savoir et nous avons du avoir à faire aux autorités.
La principale source de problèmes à été entre Qazaly et Zhosaly. Ces deux villes encadrent Baïkonour, sans doutes la ville la plus célèbre du Kazakhstan à cause de son cosmodrome. Cette ville est soumise à un régime un peu particulier. En effet, depuis la fin de l’URSS, la Russie “loue” au Kazakhstan plusieurs zones afin de continuer d’exploiter les installations spatiales. Ces zones sont donc administrées par la Russie et leur accès est soumis à des autorisations particulières que l’on ne peut pas obtenir sur place.
Ce ne sont pas cependant les zones gérées par les russes qui posent problème. En effet, celles-ci sont clairement délimitées par des murs d’enceinte et des postes de contrôle. Le problème vient du fait que le Kazakhstan a entouré les zones russes de zones interdites à leur sauce. Comprenez par là des zones ne disposant d’aucune délimitation et aucune signalisation, où des gens vivent à l’intérieur tout comme à l’extérieur et que, dans l’ensemble, vous n’avez aucun moyen de savoir si vous êtes dans la zone interdite ou non.
La grande route nationale passant au nord de la ville de Baïkonour semble être la seule zone de libre circulation clairement définie, mais dès que vous vous en écartez et entrez dans des zones urbaines, tout est beaucoup moins clair. Du coup, à moins que vous n’ayez une “autorisation”, mieux vaut éviter les villes pour ne pas se retrouver dans une situation délicate. Il est très difficile de savoir si les policier vous ont réellement arrêté dans une zone interdite ou s’ils ont simplement utilisé le manque de clarté de tout ce dispositif pour vous intimider et vous soutirer de l’argent. Donc le mieux est d’éviter les policiers et par conséquent les endroits où ils se trouvent: les villes.
Nous nous avons contourné Qazaly , et avons atteint un village un peu plus à l’est dans lequel une vieille écluse soviétique nous a permit de traverser le Syr Daria. Notez que le site officiel français “ conseils aux voyageurs” référence la rive sud de ce fleuve comme une zone interdite. Toutefois nous n’avons subit aucun contrôle lors du franchissement de l’écluse et n’avons jamais été importuné durant tout notre séjour sur la rive sud du fleuve. Si vous choisissez de vous rendre dans cette région, prévoyez des vivres en conséquence. En effet, les fermes y sont rares et les zones habitées le long du Syr Daria ne sont développées que sur la rive nord et aucun pont ne permet de traverser entre Qazaly et Baikonour . Il existe par endroit des groupes de trois barges reliées à un câble qui traverse le cours d’eau, mais à chaque fois les trois barges étaient amarrées sur la rive d’en face et aucun système n’était en place pour rapatrier une des barges de notre coté… La seule façon de traverser à nouveau le fleuve s’est donc présentée au niveau de Baïkonour avec un vieux pipeline soviétique autour duquel des passerelles de ferrailles soudées ont été aménagées. On est très loin, ici, des réglementations liées à la sûreté que l’on peut connaître en Europe et lorsque l’on circule sur ces tôles soudées à la va-vite sur des fers à béton, ce n’est pas le sentiment d’être en sécurité qui domine :)
C’est à Zhosaly que nous nous avons eu à faire plus sérieusement aux autorités. Toujours aucune signalisation ni délimitation n’est visible, la nationale “autorisée” passe entre fleuve et la ville et des commerces existent de part et d’autre de la route. Vous pouvez entrer dans les commerces (principalement des stations services ou parfois des sortes de supérettes), mais attention : veillez à ce que la boutique que vous avez choisi donne directement sur la route nationale. Si jamais vous pénétrez un peu plus profondément en ville, ne serait-ce que de 100 mètres, un homme vous alpaguera et appellera ses copains en uniforme qui débarqueront dans une Lada (vieille voiture soviétique) toute pourrie pour vous traîner dans un endroit un peu plus tranquille pour essayer de vous soutirer de l’argent. Appliquez la bonne vieille méthode du demeuré qui ne comprend pas le russe décrite dans le billet “corruption et bakchich” et vous devriez vous en tirer au bout d’une grosse demi-heure.
Notez enfin que pour toutes ces zones, aucun habitant local ne semblait au courant de la réglementation en vigueur sur sa ville. Les indications qu’ils peuvent alors vous donner si vous demander à acheter quelque-chose en particulier, par exemple, peuvent vous conduire dans une zone interdite, sans qu’à priori la personne n’ai délibérément cherché à vous nuire…