L’armée et la gendarmerie truc: rencontres parfois à hautes tensions
Difficile de faire la différence entre l’armée et les gendarmes en Turquie. Ils n’est d’ailleurs pas possible de traverser ce pays sans les rencontrer. Ils sont partout. Présentés comme les gardiens de la laïcité et de la démocratie, ils seraient le rempart contre le fondamentalisme religieux de la Turquie. Cette réputation les rend populaires auprès des gens et ceux-ci n’hésitent par à contacter les autorités locales lorsque quelques choses d’inhabituel est en train de se passer (comme par exemple un groupe de touristes traversant leur village). Il est donc courant de se voir accosté par des patrouilles en arme qui pratiqueront des contrôles de papiers approfondis, toujours en restant courtois (du moins si tout semble en règle), vous offrant même à l’occasion un verre de thé.
Rien de bien dangereux me direz-vous.
Certes, si vous vous montrez patient et souriant, tout se passera bien. En revanche, si les contrôlent surviennent en pleine nuit, à la suite de la dénonciation d’un paysan qui vous a vu passé devant sa ferme quelques heures auparavant, ou dans une région jugée sensible par les soldat, là les contrôles peuvent s’avérer beaucoup moins plaisant.
Nous avons pu expérimenter cela dans la région d’Erzincan, jugée à la limite de la zone sensible où sévissent les activistes kurdes. Nous avons subit des tirs de somation au fusil d’assaut et été tenu en joue par sept soldat postés sur une colline située de l’autre coté d’une rivière, pendant deux heures, à attendre qu’un commando soit dépêché pour effectuer un contrôle de passeports. Idem à l’est de la Cappadoce où une patrouille nous prit d’assaut en pleine nuit, arme au poing et braquant les faisceaux de leurs lampes torches dans nos yeux en criant des ordres en turcs. Ce genre de situation est très tendu pendant l’espace de quelques secondes. Avoir des armes à feu pointés dans sa direction n’est pas quelque chose à quoi l’on s’habitue facilement et lorsque cela survient subitement, il est sans doutes possible d’avoir des réflexes d’autodéfense qui peuvent très vite envenimer les choses (surtout si l’on ne voit pas les visages des assaillants et que l’on ne comprend pas forcément ce qu’ils hurlent).
Ce qu’il faut savoir aussi, c’est qu’en Turquie le service militaire est toujours obligatoire et dure deux ans. Les appelés sont donc nombreux est, il faut bien le reconnaître, n’ont pas grand chose à faire de leurs journées. Les gradés les occupent comme ils peuvent et le fait de contrôler des touristes est une occasion rêvée de leur donner une mission. Le problème c’est que lorsque les jeunes sont affectés à des casernes situées dans des régions sensibles, ils sont nerveux. On les comprend lorsqu’on jette un œil aux journaux télévisés Turcs. Le moindre fait divers est présenté comme la bande annonce d’un film d’action, avec des musiques anxiogènes et un montage en boucle montrant des images choquantes. Sans doutes le but est-il de faire de l’audimat, mais cela ne facilite pas la conservation du sang froid de jeunes qui, disposant d’armes chargées, mettent en joue des individus suspects (nous) équipés de gros sacs à dos pouvant contenir toute sorte d’explosifs (si si, ils l’ont dit à la télé !).
Il convient donc d’essayer d’apaiser la situation le plus vite possible, obtempérer, signaler qui l’on est oralement avant d’effectuer des mouvements brusques, conserver ses mains visibles, toujours. S’il ne sont pas les plus efficace en terme de communication, d’organisation et de préparation, les militaire turcs ont le mérite d’être intègre et si vous êtes en règle, tout devrait bien se terminer. Avec un peu de chance, vous serez ramenés à la caserne, bénéficierez d’un repas chaud, d’une douche et d’une nuit presque confortable.